
COMMUNIQUE DE PRESSE
Lettre au ministre Obeegadoo et document au ministère du Logement et de l’Aménagement du territoire
La National Development Strategy (NDS) qui tient lieu de « plan » d’aménagement du territoire arrive à échéance cette année. Approuvée par le gouvernement en 2003, elle a été adoptée sous la section 12 du Planning and Development Act 2004 en juin 2005. La révision de la NDS en 2020 est aussi dictée par la loi de 2004, qui rend aussi obligatoire une revue de mi-parcours (jamais menée). Depuis des années, Platform Moris Lanvironnman (PML) met en avant trois aspects saillants concernant cette revue qui doit aboutir à une stratégie d’utilisation des terres pour les prochains 20 ans. L’un est la nécessité de consultations publiques qui doivent être menées au début même de l’exercice. Le deuxième est l’intégration du changement climatique comme principe sous-tendant la nouvelle NDS. Le troisième étant la nécessité de soumettre les politiques et stratégies (policies and strategies) considérées lors de la revue à une évaluation environnementale stratégique (Strategic Environmental Assessment) avant adoption.
Absence d’une approche consultative, non-prise en compte de l’urgence climatique et autres enjeux
Annoncé en juillet 2019, le présent exercice procède selon un processus consultatif/participatif très restrictif et non-explicité au départ. Invitée par le ministère de tutelle, celui du Logement et de l’Aménagement du territoire, à un atelier de travail le 1er octobre sur « The Future of the Coast, Tourism and Heritage », PML, par la voix de son porte-parole, n’a pas manqué de relever ce fait face à la présence squelettique d’ONGs. La présentation qui a été faite à cet atelier ainsi que l’organisation même de l’atelier n’indiquent ni une approche consultative et participative ni que l’urgence climatique et les Objectifs de développement durable sont des préoccupations sous-jacentes de la révision. Il semble en effet que non seulement des ONGs concernées n’ont pas été invitées mais le public dans son ensemble non plus (communautés locales et autres membres de la société civile). Sauf erreur de notre part, il n’y a eu aucune communication officielle publique sur la tenue de consultations ni invitation à l’expression d’intérêt pour participer à ces consultations. En outre, l’approche thématique adoptée pour ces « consultations » ne permet pas de dire que la révision de la NDS dans son ensemble a été consultative et encore moins participative.
Lettre au ministre Obeegadoo
D’où l’envoi d’une lettre au ministre de tutelle, Steven Obeegadoo, où ce qui précède est expliqué pour l’exhorter à demander au ministère du Logement et de l’Aménagement du Territoire et ses consultants de revoir leur approche concernant la formulation des politiques et stratégies de la nouvelle NDS. PML y écrit : “We regret to say that this half-day workshop has not delivered the expected outcomes which were the following:
- consensus- building amongst stakeholders on the key spatial issues affecting the sustainable development of the coast;
- assessment of the resilience (and/or shortfalls) of current policies and programmes in dealing with these issues;
- based on i) and ii) identification of new strategies, policies or policy adjustments to enable resilient and sustainable land development for inclusion in the new National Development Strategy.”
PML y évoque aussi la Covid-19 car celle-ci impacte de façon structurelle l’économie généralement et surtout le tourisme. La résilience, note PML, ne peut être imposée mais doit être bâtie par des communautés compétentes et impliquées.
Commentaires préliminaires aux consultants NDS
Le consultant du ministère animant l’atelier avait informé les participants présents qu’il était possible d’envoyer des observations, commentaires au ministère et à lui-même. Bien que PML ne considère pas cette formule comme tenant lieu d’une approche participative, elle a envoyé des commentaires préliminaires en raison des enjeux. Le document de PML reprend des points contenus dans la lettre au ministre tout en développant certains et en abordant d’autres. PML y met l’accent sur
- les failles et incohérences de ce qui est présenté comme la vision et le cadre politique global, et les divergences de vue de PML compte tenu des enjeux. Par exemple, la subordination à la croissance économique des objectifs de développement durable et des défis du changement climatique – un point fondamental qui a déjà été exprimé lors des Assises de l’Environnement.
- la non-prise en compte des changements structurels, systémiques engendrés par la pandémie Covid-19 sur l’économie nationale, et notamment sur le tourisme. PML y évoque aussi la catastrophe du Wakashio ;
- les défis que posent les effets du changement climatique : une certaine marge de sécurité alimentaire, l’indépendance énergétique, la sécurité de l’alimentation en eau et la sécurité environnementale ainsi qu’un système de drainage des eaux pluviales régional, la gestion intégrée de la zone côtière, le reboisement d’axes stratégiques etc.
- la nécessité de l’évaluation environnementale stratégique de la nouvelle NDS ;
- la vulnérabilité accrue de l’île en raison de l’approche trop flexible de la NDS en termes de zones à ne pas bâtir ;
- la nécessité d’inclure dans les comptes nationaux l’évaluation du capital naturel et des services écosystémiques liés ;
- l’intégration du principe ridge-to-reef ;
- l’intégration de la valeur du patrimoine culturel et naturel dans la formulation de politiques stratégiques.
Nous attendons ardemment une réponse du ministre de tutelle, Steven Obeegadoo, qui est aussi vice-Premier ministre et cumule également la fonction de ministre du Tourisme, car les enjeux sont considérables.
Platform Moris Lanvironnman
27 octobre 2020
Email : maurice.environnement@gmail.com