Travaux dispensés de l’EIA – Communiqué de Presse de PML – 6 février 2019
C’est avec une très vive inquiétude que Platform Moris Lanvironnman (PML) constate que le gouvernement a décidé encore une fois d’amender la loi (Government Notice No. 9 of 2019) pour explicitement soustraire des projets d’infrastructure de la liste des « undertakings » requérant un EIA. Cette fois, il s’agit de projets à Agaléga. Ont été enlevés du Fifth Schedule Part B de l’Environment Protection de 2002 pour Agalega spécifiquement : la construction d’une jetée, d’une piste permettant l’atterrissage de gros porteurs, d’une unité de dessalement d’eau et d’un« housing project and apartments above 50units within one kilometre of the high water mark other than Housing projects implemented by the National Housing Corporation ». Comme pour le Metro Express, au moins deux de ces projets ont les caractéristiques d’activités de Catégorie A selon la classification de la Banque mondiale. Pour rappel, les projets de catégorie A sont ceux qui présentent principalement:
« significant adverse impacts that are sensitive, diverse, or unprecedented, or that affect an area broader than the sites or facilities subject to physical works”.
La construction des infrastructures mentionnées sur une île comme Agaléga aura des impacts sociaux et environnementaux majeurs, dont certains seront irréversibles. Et quand on connait la fragilité des écosystèmes et l’environnement terrestre et marin de ces petites îles comme Agaléga, PML craint le pire des scenarios.
PML exige donc que les autorités publient les informations détaillées sur tous les travaux qui seront effectués à Agaléga ainsi que le plan de gestion et de suivi environnemental, s’il en existe un.
Environmental Protection Act (2002), une coquille vide ?
Depuis l’avènement du Business Facilitation Act de 2006, le Environmental Protection Act (EPA 2002) a subi des amendements significatifs qui l’ont peu à peu dépouillé de garde fous. Des activités ont été ‘delisted’, la nécessité de faire des Strategic Environmental Assessment (SEA) pour les projets stratégiques, les schémas directeurs etc. a été enlevée. Et maintenant, avec le ‘delisting’ de projets de catégorie A comme le Metro Express et les travaux infrastructures à Agaléga, le EPA (2002) ressemble davantage à une coquille vide. La crédibilité du ministère de l’Environnement et du Développement durable et du gouvernement en tant que garants de la protection de l’environnement de la République de Maurice est sérieusement atteinte ; leur responsabilité est engagée.
Agaléga – Note synthétique
Constituée de deux petites îles coralliennes (débris coralliens consolidés), Agaléga est de basse altitude. La plus grande des deux îles, North Island, fait 12,4 km de long et 1,6 km de large ; et South Island fait 6,6 km par 3,6 km. Ensemble, leur superficie est de 26km2 (la ville de Beau Bassin – Rose Hill fait 20,5 km2). Agaléga est donc extrêmement exposée aux risques liés au changement climatique. La barrière corallienne qui ceinture l’île la protège, ainsi que le lagon plutôt étroit (25 à 100 m) peuplé d’étendus d’herbiers marins. Des études préliminaires sur les coraux menées par le Mauritius Oceanography Institute (MOI) en 2012 et 2016 notent qu’ils abritent une forte biodiversité et fournissent des services écosystémiques à la population des îles. En 2013, une étude de la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS) avait mis en avant l’existence d’une population de tortues vertes et imbriquées (« areas of both seagrass beds and reef, providing excellent habitat for foraging juvenile sea turtles as well as mating and nesting adults. ») déjà menacée par des agressions diverses. La nappe phréatique y est haute, à seulement un mètre par endroits et à 2 mètres ailleurs.
Ces caractéristiques physiques en font des îles très fragiles.
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